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Focus

Bozack Morris, le moment d’entrer en jeu

Interviews From The 6ix Ep. 2

JUP, le 10 avril 2020

Rencontre avec un beatmaker qui a gagné ses galons auprès des gros bonnets de Griselda, et qui emmène dans son sillage une nouvelle génération du rap indépendant à Toronto.

“Viens au laboratoire”. C’est par cette formule évocatrice que Bozack Morris nous a invité à sa rencontre. En pleine zone industrielle à la périphérie de Toronto, il nous ouvre la porte de son repère, en t-shirt, comme si le froid du monde extérieur n‘existait pas. Lui est visiblement un habitué du confinement, dans son studio d’enregistrement qui fait également office de siège social pour son label GGBR Records & Tapes et de caverne d’Ali Baba gorgée de précieux vinyles. Sur une étagère Histoire de Melody Nelson trône en évidence. La discussion s’ouvre sur le film La Haine et le soutien que lui apporte le public français. Le beatmaker est un adepte du circuit court : directement du producteur au consommateur. Apparemment, ça lui réussit plutôt bien.

SwamDiggers : Tu étais DJ avant de commencer à composer, tu étais un gros digger. C’est comme ça que tout a débuté pour toi ?

Bozack Morris : Quand j’étais adolescent, je voulais être rappeur. Mais il n’y avait pas vraiment d’industrie musicale au Canada, surtout pour le hip-hop. Il fallait aller aux États-Unis. En grandissant, tu réalises qu’il y a peu d’opportunités et beaucoup de barrières. J’ai commencé à faire des instrus avec un ASR-10, mais sans idée précise de la voie à suivre. Il y a 20 ans, les réseaux sociaux n’étaient pas aussi puissants qu’aujourd’hui. Il n’y avait pas Bandcamp ou YouTube, ou d’infrastructures en ligne pour proposer ta musique directement au public. Napster était à ses débuts. Il y avait trop de bureaucratie. Donc je faisais le DJ, j’étais juste un passionné de hip-hop. J’allais au disquaire chaque semaine pour chopper la dernière nouveauté. À Toronto, tous les jeudis, il fallait être à Play De Record pour chopper le nouveau Gang Starr, le nouveau J Dilla... C’était ça la culture.

SD : Comment es-tu passé de l’autre côté ?

BM : J’animais une émission de radio, qui existe toujours, The Plug, sur Vibe 105.5 tous les lundis. J’ai commencé à organiser des soirées hebdomadaires dans un bar qui me laissait jouer du hip-hop. Je me suis fait un nom dans la promotion de soirée, j’ai développé mon réseau avec d’autres DJ et des personnes de la communauté. Je faisais un peu de musique en dilettante, sans vraiment le prendre au sérieux. Et puis j’ai commencé à réfléchir à cette pente sur laquelle je me trouvais. Quand tu es obligé de jouer tous les soirs ce qui est à la mode, tu finis par t’éloigner de la musique que tu apprécies réellement. Je me suis rendu compte que j’organisais des soirées pour un public qui n’appréciaient plus la même musique que moi.

SD : Donc tu as décidé de faire ta propre musique pour changer.

BM : Il fallait que je le fasse moi-même. Je me suis mis à réfléchir à ce que mon “moi” de 20 ans aurait pensé de ma situation à l’approche de la trentaine. J’avais besoin de le rendre fier. J’ai donc pris du recul par rapport à mon activité de DJ. C’était effrayant parce que c’était la seule voie que je connaissais, et je me lançais dans quelque chose de complètement différent. Nous vivons dans un Toronto post-Drake. Tout le monde fait le même type de musique, en utilisant beaucoup d’harmonies... Connaissant ce climat, sachant que c’était ce que les gens voulaient entendre, c’était effrayant pour moi. Parce que ce n’était pas ce que je voulais faire. Tous les créateurs connaissent ce genre de doute paralysant. Au lieu de suivre le chemin de la facilité, je suis resté fidèle à ce en quoi je croyais et j’ai commencé à faire mon propre truc crasseux.

SD : Tu as commencé seul dans ton coin ?

BM : Il fallait d’abord que je perfectionne mon savoir faire. Quand mon ASR-10 est mort, je suis allé sur Kijiji pour m’acheter une MPC 1000. J’ai dû regarder des tutoriels sur YouTube pour comprendre le fonctionnement. Évidemment, quand tu débutes tes premières instrus ne sont pas des dingueries. Il faut juste bosser. C’est ce que j’ai fait, je me suis construit un studio, et j’ai bossé, encore et encore.

SD : En tant que passionné, tu devais forcément avoir une haute estime des icônes du genre. Tu as eu peur de ne pas réussir à trouver ton propre style ?

BM : Bien sûr. Pete Rock, Madlib, The Alchemist, J Dilla, ce sont des mecs que je place tout en haut. C’est la lignée dans laquelle j’essaie de me situer. Ils m’inspirent inévitablement. Pour moi, quand tu aspires à composer, tu dois commencer par essayer de comprendre comment ces gars là cuisinaient leur sauce, faire de la rétro-ingénierie. J’exerçais mon oreille à trouver de bons samples, avant même de penser à les utiliser. J’ai passé beaucoup de temps à acheter des disques, même des disques que je n’avais pas l’intention d’utiliser, juste pour essayer de comprendre ce que d’autres en auraient fait. Ce que tu vois là [il montre sa bibliothèque de vinyles], ce n’est même pas tout ce que je possède. C’est de la culture musicale, il faut plonger dans la musique pour trouver l’inspiration. Très vite ce n’est plus seulement le hip-hop qui est une source d’inspiration, mais aussi les vieux disques que tu déterres. Et si je faisais ça ? Et si je l’utilisais comme ça ? C’est comme ça que tu trouves ta marque de fabrique. Que tu ne te contentes plus simplement de ressembler à tes idoles. C’est en faisant cette transition que j’en suis arrivé là.

SD : Ta musique présente parfois un aspect synthétique, voire électro.

BM : Absolument. Je ne m’intéresse plus vraiment aux genres. Quand j’ai commencé à digger, je me suis vraiment plongé dans d’autres musiques, de partout dans le monde, des bandes originales de Bollywood jusqu’à la musique française. La musique française est incroyable. Cortex, Marc Moulin, [il se corrige] non, lui vient de Belgique. Je ne veux pas trop dévoiler l’origine de mes samples. C’est un secret. Chacun doit trouver les ingrédients de sa propre recette. Mais je kiffe vraiment la France. La fusion et le prog sont incroyables. Et les trucs synthétiques, en particulier des années 70 et 80... Beaucoup de bandes originales également. C’est un truc qui me donne vraiment envie d’aller en Europe un jour, de digger là-bas. Je suis sûr qu’il y a des tonnes de pépites à dénicher.

SD : Le côté “ambient” est devenu une sorte de signature de Toronto. Tu te reconnais là-dedans ?

BM : Le côté mélancolique ? Ouais totalement. Cette ambiance presque dissonante, atmosphérique, je pense qu’elle vient juste de notre climat. Toronto est une ville très musicale. Malgré le manque d’infrastructure pour développer les artistes, le talent est de classe mondiale. J’ai vraiment l’impression que nous avons trouvé notre propre son quand nous avons cessé d’essayer d’imiter New York, ou qui que ce soit d’autre. Personnellement j’ai toujours fait ce genre de son. Je n’ai jamais essayé d’être funky et amusant. Cela a beaucoup à voir avec le fait de traverser des emmerdes personnelles, de vivre avec mes démons et mes luttes internes.

SD : C’est donc aussi l’expression de quelque chose de plus personnel ?

BM : Absolument. Je n’ai jamais essayé de faire de la musique fun. Je suis déjà tombé sur des disques plus fun, avec la conviction qu’un autre producteur en ferait un truc bouillant, mais je n’y ai pas touché parce que ça ne correspondait pas à ce que je ressentais.

SD : Tu étais vraiment saoulé par la musique de soirée.

BM : Quand j’ai commencé à m’éloigner de la vie nocturne, j’ai développé une forme d’anxiété sociale. Je me sentais plus seul dans ces soirées qu’en m’enfermant dans mon studio à quatre heures du matin pour appuyer sur des boutons. C’est la raison d’être de ma musique. Comment est-ce possible de se retrouver dans une pièce remplie de centaines de personnes, et se sentir plus seul que jamais ? La musique m’aide à m’évader. D’une certaine manière c’est ma signature, si on peut l’appeler comme ça.

SD : Tu es un peu à l’origine d’une scène underground ici à Toronto, avec dans ton sillage des gars comme Daniel Son, Futurwave, Asun Eastwood…

BM : Ces mecs déchirent tout en ce moment. J’ai ouvert la voie avec Loose Cannons mon premier album, sans en avoir la moindre idée à l’époque. En 2016, ce mouvement underground n’était vraiment pas là où il en est. On ne pouvait même pas parler de mouvement. Il y avait des gars, comme Hus Kingpin, Mach Hommy et évidemment Griselda. Mais cette scène n’avait pas la notoriété qu’elle a aujourd’hui. C’est l’époque où j’ai sorti Loose Cannons 001 avec Conway & Westside Gunn dessus.

SD : Parlons-en justement. Comment en es-tu venu à travailler avec les membres de Griselda ?

BM : J’ai découvert leur musique avec Griselda Ghost et Hitler Wears Hermes 3. J’ai commencé à suivre Westside Gunn sur les réseaux, et il m’a suivi en retour. On se donnait de la force mutuellement. J’ai appris que Conway cherchait des featurings, donc je lui ai envoyé quelques instrus, et l’une d’elles est devenue "Mak 90". Il a fait ça à une vitesse dingue. Je lui en ai envoyé de nouvelles instrus et ça a donné "Never Change". Au départ, le beat devait juste être pour Conway. Mais Westside le voulait aussi. Je lui ai dit que son frère en avait déjà fait un morceau, du coup il a insisté pour poser dessus. Je me souviens du jour où j’ai reçu l’enregistrement final, j’étais à Détroit pour une battle de beats. J’ai tout de suite compris que j’avais du lourd. Je l’ai immédiatement joué en live ce soir-là. Il y avait des grosses pointures présentes comme Diamond D, les Olympicks... J’ai entendu toute la salle réagir quand j’ai joué le morceau. A un moment Conway dit : "shot him in the kitchen blew his head in the next room", et toute la pièce est devenue folle. Les gens ne le connaissaient pas encore. Mon associé dans GGBR Records & Tapes, DJ Big Jack, m’a dit de sortir le morceau tout de suite. J’avais prévu de faire un EP complet, mais à la place j’ai décidé de diviser Loose Cannons en une série de 45 tours. J’avais peur de me planter, car personne n’avait jamais entendu parler de moi. Et je n’étais pas sûr que les gens avaient vraiment envie d’écouter mon style de musique. Quand j’ai uploadé Loose Cannon 001 sur Bandcamp, je l’ai rendu public par accident. J’ai immédiatement fait une vente, sans même avoir le temps de fixer le prix d’expédition. Ça m’a fait comprendre que je n’avais plus aucune raison de revenir en arrière. Je n’avais rien à craindre.

SD : C’est un vrai tournant dans ta vie.

BM : Ça a définitivement été un tournant. C’est comme quand tu t’entraînes toute ta vie au basket, que tu déchires tout, mais que tu as peur de rentrer sur le terrain. Mais si tu as travaillé toute ta vie, tout ce qui te reste à faire c’est entrer en jeu et montrer à quel point tu es bon. C’est ce qui s’est passé. C’est aussi ce que j’ai vu en Daniel Son, Asun Eastwood, Futurewave… Futurewave a toujours été avec moi, il m’a aidé au mixage depuis le premier jour. Quand je vois ce qu’ils sont capable de faire, de construire leur propre héritage, ça me rend fier. Tout a commencé à cause de ce petit disque que j’ai sorti. Ce qui était encore plus cool, c’est que j’ai réussi à faire ça sans avoir besoin de ceux qui détenaient les clés.

SD : Tu as sorti un album avec Elcamino l’année dernière intitulé Saint Muerte. Mais avant d’en parler, j’aimerais en savoir plus sur cette connexion Buffalo - Toronto que tu incarnes d’une certaine façon.

BM : Nos deux villes ont toujours partagé beaucoup de choses, en particulier la musique. On a des stations de télévision et de radio en commun. Après je ne vais pas prétendre qu’il y a une vraie affiliation, ce qui est regrettable car nous sommes vraiment proches. Mais c’est un tout autre pays. Tu le remarques au niveau du style de vie. Ce qui est fou parce que nous sommes côte à côte, mais les modes de vie sont complètement différents. Les frontières dictent vraiment notre style de style de vie. Cela a sûrement à voir avec la politique, les identités régionales, et des trucs que je ne peux même pas m’expliquer, mais c’est réel.

SD : Tu as des exemples de ces différences ?

BM : On a la sécurité sociale gratuite [rires]. En vrai, cela fait une énorme différence. Rien que ce sentiment de sécurité te change complètement la vie. C’est un parfait exemple. Je ne vis pas aux États-Unis, donc je ne peux pas parler pour eux, mais beaucoup de leurs comportements sont liés à leur histoire politique. Ils sont confrontés à un vrai racisme institutionnalisé. Il existe aussi au Canada, mais c’est incomparable. Du sommet de la pyramide à la base, il y a tellement d’obstacles auxquels ils doivent faire face. En particulier à Buffalo. Toute la merde qu’ils doivent endurer... C’est la raison pour laquelle je suis heureux de voir Buffalo briller.

SD : Quand as-tu commencé à travailler avec Elcamino ?

BM : J’ai fait sa connaissance quand je suis allé à Buffalo pour enfin rencontrer en personne les membres de Griselda, auxquels il est affilié. On a toujours échangé sur les réseaux, mais on n’avait jamais eu l’opportunité d’avoir une vraie conversation. Je l’ai complimenté pour Elcamino qu’il venait de sortir et que j’avais trouvé incroyable, et je lui ai proposé de travailler ensemble. Il me connaissait grâce à mon travail avec Griselda. Je lui ai d’abord envoyé le beat de "No Smoke", auquel Benny The Butcher s’est ajouté. Après ça, je pense que c’était vers fin 2017, j’ai fait plusieurs allers-retours à Buffalo, pour enregistrer de nouveaux morceaux en studio. On a créé la plupart des morceaux ensemble. Elcamino n’est pas du genre à tergiverser, donc c’était facile. Je lui sélectionnais les beats dans lesquels piocher, et derrière je travaillais à produire un vrai projet cohérent.

SD : Saint Muerte fait clairement ressortir cette impression de cohérence.

BM : Je suis content quand les gens le disent parce que je n’étais pas sûr qu’on y prêterait vraiment attention. Je suis producteur et je veux créer des albums. Je veux t’emmener quelque part. C’est comme un film, tu as des hauts et des bas, un climax, des pics et des vallées... Je voulais un album qui ne soit pas juste un assemblage de singles. Je me fiche de la durée. Ce qui m’importe c’est la fluidité du voyage. La raison pour laquelle un morceau est à côté d’un autre. Par exemple avec "Goon Ballad", je voulais créer une rupture avec les 30 minutes de rap brut qui précèdent, un changement d’air avant de revenir dans le vif du sujet. Tu n’es jamais certain que ça va marcher, ou que les gens vont comprendre. La plupart le comprennent, j’en suis vraiment fier. Beaucoup me disent qu’ils ressentent notre complicité avec Elcamino. Même si c’est un frère, je suis sûr qu’il y a d’autres personnes dont il est plus proche, mais avec qui la complicité ne se voit pas autant.

SD : Tu as également sorti Popular Mechanics avec J Scienide. C’est une volonté nouvelle de collaborer avec des artistes sur des projets entiers ?

BM : J’avais déjà sorti Loss Prevention EP avec Heem Stogied donc ce n’était pas nouveau. Le travail avec chaque artiste est différent. Heem, je lui ai juste envoyé un lot d’instrus, et il a tout enregistré de son côté. J’ai surtout fait un travail de production et de construction. C’était différent avec J Scienide, qui est venu au studio. Nous avons créé la plupart des morceaux ensemble dans cette même pièce.

SD : Il est venu de Washington pour enregistrer à Toronto, où vous avez également tourné deux clips... Il est vraiment entré dans ton monde.

BM : C’est un projet très torontois. J Scienide est tout le temps ici. Il collabore beaucoup avec des gars comme DJ Finn, Futurwave ... C’est sa deuxième maison.

SD : Aujourd’hui tu es satisfait de ce que l’underground t’apporte ?

BM : Absolument. J’aimerais toucher un public plus large, mais je ne veux pas devenir plus commercial. Je ne veux pas changer ou compromettre mon son. Mon art est très personnel. C’est la raison pour laquelle j’en suis arrivé là, en restant fidèle à mes idées malgré les personnes qui disent le contraire. De toute façon j’ai réalisé que tu pouvais cocher toutes les cases pour réussir, et échouer malgré tout. Je préfère échouer en faisant ce que je veux, plutôt que d’avoir plus de succès en faisant une merde qui ne me plaît pas. Faire les choses à ma façon, c’est le meilleur sentiment au monde. Je ne veux parler pour les autres, mais ça marche pour moi.

SD : Je pense que tout le monde peut comprendre ce sentiment.

BM : C’est très important.

SD : Non seulement tu as tracé ta propre route en tant qu’artiste, mais tu as créé ton propre modèle économique avec le label GGBR Records & Tapes.

BM : Big Jack est mon frère depuis près de 25 ans, depuis le lycée. C’est lui qui a commencé le label. Les premiers disques qu’il a sorti étaient des albums de disco, de funk, de soul... Des choses qu’il jouait en soirée comme DJ. J’ai intégré le label pour commercialiser ma musique, mais ça a complètement changé la direction.

SD : Maintenant vous publiez des éditions limitées de vinyles de Flee Lord, Elcamino…

BM : Ouais, s/o Flee Lord, Elcamino, 38 Spesh… Avec le succès de mon disque, on a commencé à aller dans cette direction, à peu à peu trouver notre marché. On s’est développé sur la base de Loose Cannons 001. Il a fallu comprendre sur le tas la logistique, la commercialisation, la distribution... Tout cela nous a permis de définir notre marché, qui est le hip-hop underground. C’est une combinaison de plein de facteurs qui a rendu ça possible, principalement le boom du vinyle pour le hip-hop qui a commencé à cette époque. Bandcamp nous a vraiment permis de tout faire de manière indépendante, sans avoir à se soucier de la distribution.

SD : GGBR Records & Tapes est la preuve que ce marché existe ?

BM : Ce marché est énorme. Quand tu vois les disques de Griselda, The Alchemist... Ils s’écoulent en quelques secondes. L’argent est là. La transformation de l’industrie musicale, qui a fait que les gens ont cessé d’acheter de la musique pour la streamer, c’est de la merde pour les artistes. Tu ne gagnes rien avec ça, donc tu es forcé de vendre du merch. Le marché du hip-hop underground est l’alternative à cela. L’offre et la demande est basée sur le soutien du public. La valeur perçue est très différente. Ton public ne veut pas simplement écouter ta musique, il veut montrer qu’il te soutient à fond. C’est ce que j’aime dans le hip-hop underground. La passion de ce public. C’est le gagne-pain de ce mouvement, et la raison pour laquelle nous sommes en mesure de nous détourner des circuits traditionnels de la musique populaire. Bandcamp et les réseaux sociaux nous ont évidemment énormément aidé. Beaucoup des gens qui achètent nos disques sont en France, en Allemagne, au Royaume-Uni, aux Pays-Bas… La montée en puissance de tous ces facteurs a vraiment été un catalyseur pour GGBR Records & Tapes et ma carrière. Il y a 20 ans, on aurait jamais pu imaginer ça.

SD : Ça veut dire que ton “moi” de 20 ans serait assez fier ?

BM : Je pense qu’il serait fier. J’ai fait du bon travail [rires]. Je suis plutôt satisfait de là en j’en suis.

 Bozack Morris sur Bandcamp et Twitter


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