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Albums/Mixtapes

Riski Lachon Hara (raw version)

Tu sers de la coke, moi des Coca Zero

Date de sortie : 26 mai 2022

Dirt Noze, le 16 juin 2022

L’inclassable Metek a sorti sur un coup de tête son dernier album dans une version non mixée en exclusivité sur son Bandcamp.

N’en pouvant plus d’attendre que l’ingénieur du son qui devait s’y atteler ait enfin du temps à lui accorder pour raffiner son dernier ouvrage, Lachon Hara, l’homme que l’on nomme également Riski, ou encore Manuel Goldman selon les projets, a décidé de lâcher son projet tel quel, brut comme un diamant, comme pour s’en libérer enfin et pouvoir passer à autre chose « que cette chose inspirée du rap », comme il dit lui-même.

« La patience est une vertu inestimable. Je me demande si j’en ai manqué. » nous confie-t-il dans un long post sur les réseaux sociaux. En tout cas, ce qui est certain, c’est que ce nouvel album, sorti tout juste 8 ans après son premier album solo Riski, ne manque pas, lui, de qualités et qu’il est une franche réussite. Avec ses mélodies fredonnées et ses longues plages de piano (de Jonathan Pontier), il y pousse encore plus la dimension pop de sa musique, déjà présente dans ses précédents ouvrages, mais tout en conservant en permanence l’essence du rap qui soutient le tout.

Dès le premier morceau, où Metek pose ses fredonnements enamourés sur un remix footwork de Galore par Be Labeu, on se demande où on met les pieds. La deuxième piste nous emmène au Sénégal pour un "Jam" avec le chanteur et guitariste Ameth Sissokho. Ensuite "Waiters" nous projette dans les tribulations d’un serveur parisien sur une instru trap bien chill (produite par Kesmo). On y retrouve un flow plus proche du rap pour un recueil d’anecdotes bien senties où l’on retrouve les talents d’écriture de Riski. Un sens de la punchline chargé d’une mélancolie sourde. "Tu sers de la coke, moi des Coca Zero."

L’album se poursuit entre cette trap légère et mélancolique rehaussée de solos de clavier, comme sur "Comme un DJ" également produit par Kesmo, de la soul épique avec "Sur la route" qui reprend la mélodie du "Just the Two of Us" de Grover Washington Jr et Bill Withers, et des incisions plus pop comme sur "LLFF" et sa prod tourbillonnante de Frencizzle. L’album se termine sur l’excellent "Outro", une piste très personnelle au format qui hésite entre la chanson et le skit.

La musique de Riski est une musique d’écorché vif. Ses chansons parlent d’amours compliquées, de trahisons et de retrouvailles, de drogues et de rédemption. La question du racisme et la position peu confortable du métis ne sont jamais bien loin. L’oeuvre de Riski est souvent autobiographique et, comme dans ses projets précédents, l’histoire personnelle et familiale de Manuel Goldman en est une des clés d’interprétation. Depuis l’album Riski il n’a eu de cesse de nous entrainer dans ses pérégrinations, dans le Hip-Hop, de Paris à New-York, dans ses doutes, l’amour de la ride et des excès, ainsi que sa quête du père qu’il n’a jamais connu, Pierre Goldman.

Le Lachon Hara, désigne en hébreu, le « langage du mal », péché honni dans le judaïsme, qui regroupe le faux témoignage et de manière plus générale les différentes façons de blesser quelqu’un par la parole, que ce soit volontairement ou non. De fait, le poids du mensonge est l’un des sous-textes de ce 2ème album – notamment sur "Tout Le Mal", "Outro" et "Lil Trik (Le parjure)" – qui place sur sa couverture le portrait d’un témoin clé du procès de Pierre Goldman, revenu depuis sur son témoignage dans un livre appelé Mémoire d’un parjure.

À écouter également les "Mésaventures Ordinaires", single sorti peu de temps avant et qui complète bien l’écoute de l’album.


L’album est disponible pour le moment dans sa version la plus brute sur Bandcamp exclusivement. Il devrait resortir un peu plus tard dans une version mixée sur toutes les plateformes de streaming. On murmure aussi une sortie vinyle pour la fin de l’année et un livre serait également en préparation.


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